Histoire des courses en France

Les Anglais furent les premiers à discerner l'importance de cette pierre de touche de la qualité qu'est la vitesse, l'« aristocratie du sport ». Ils créèrent, en partant du sang arabe et des performances, une race originale, rigoureusement surveillée, plus grande que l'arabe, aux rayons plus allongés et à la musculature plus développée, race spécialisée dans la compétition, mais qui est aussi, au haras, un facteur puissant d'amélioration.

Avec la création nationale des pur-sang, l'Angleterre prit donc, dans le processus d'amélioration de la race chevaline, une avance que d'autres pays ne commencèrent à rattraper qu'en important et en élevant à leur tour des pur-sang, et, à l'instar de l'Angleterre, en multipliant les épreuves appelées à consacrer les meilleurs sujets. S'agissant ici simplement d'origines, nous arrêterons celles-ci à 1833, date capitale dans l'histoire du cheval de notre pays, puisqu'elle fut celle de trois événements significatifs qui, de plus, ouvrirent en France l'ère actuelle du sport hippique réglementé.

L'année 1833 fut celle, en effet, de la création du Jockey-Club, de celle de la Société d'encouragement et de l'ouverture du premier stud-book français. Comme son modèle anglais, celui-ci était destiné à enregistrer l'importation, la naissance et la généalogie de tous les pur-sang élevés ou nés en France. Par la suite, l'histoire du pur-sang et celle des courses ne feront qu'un.

Il est certain que les Français ont connu les courses avant cette date, mais le critère « vitesse » comme gage de qualité maintenant prépondérant n'est pas, a priori, le seul que l'on puisse retenir. Le fond, la puissance, la détente, la rusticité, par exemple, ont pu aussi bien, au cours de l'histoire, être mis au premier plan par les amateurs de bons chevaux.

Tout dépend également de la fin principale à laquelle on les destine, et le pur-sang, par exemple, nerveux et rapide, peut être, s'il n'est point trop délicat, un très bon cheval d'armes pour officier, mais il ne sera certainement jamais une remonte adaptée à la troupe. En France, au cours des siècles, on a successivement recherché, parce que l'emploi qu'on en faisait et la mode le voulaient ainsi : le destrier des Flandres au Moyen Age, le genet d'Espagne, le danois ou le frison sous Louis XIV, le limousin et l'andalou au XVIIIème siècle, le limousin encore et l'arabe sous Napoléon, pour aboutir à la vogue de l'anglais sous la Restauration.

Avant le XVIIIème siècle, on avait assisté en France à des courses-défis entre grands, à Achères, notamment, en 1683, où eut lieu une course « internationale », en 1700, où l'avènement du siècle fut célébré, entre autres réjouissances, par des courses à Saint-Germain, copiées sur les courses anglaises, mais ce sont là des exceptions qui participent des engouements passagers de la Cour. Il faudra attendre la seconde moitié du XVIIIème siècle pour voir s'ouvrir et s'organiser, aux Sablons, futur Longchamp, à Fontainebleau, dans le parc royal de Vincennes, des épreuves pour lesquelles se manifeste un début d'organisation.

A partir de 1776, sous l'égide de Louis XVI, sans doute inspiré par Marie-Antoinette ou par son frère le comte d'Artois, anglomane convaincu, on voit apparaître des courses régulièrement dotées de prix, les « plateaux » du roi, codifiées en 1780.

Mais la première réglementation à l'échelle nationale qui est à inscrire au crédit de l'Empire est le décret du 13 fructidor an XIII (31 août 1805), réglementant les courses de chevaux. Celui du 4 juillet 1806 réglemente l'élevage par la constitution de six haras d'Etat et de trente dépôts d'étalons. Simultanément, des champs de courses commencent à s'ouvrir partout en province.

L'organisation des courses est administrative et protectionniste au possible, avec décharges de poids suivant les races, éliminatoires régionales et finale courue à Paris. Celle-ci, le Grand Prix, est dotée d'un prix de 4 000 F. Les distances sont longues, toujours de 4 à 6 km, et les chevaux doivent être français exclusivement et âgés de cinq à sept ans.

Nous sommes loin des courses précoces des pur-sang, avec leurs distances réduites. Sous la Restauration, les courses ont lieu au Champ-de-Mars et deviennent un événement annuel. Elles sont présidées ou suivies de près par le comte d'Artois, devenu Charles X, et, à partir de 1830, Louis-Philippe étant médiocrement intéressé par elles, par son fils le duc d'Orléans, homme de cheval passionné. En 1834, il y a en France dix-huit hippodromes. La véritable histoire des courses commence alors dans notre pays et elle s'inscrit entre ces deux chiffres.


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